Le retour du service militaire obligatoire, une bonne idée ?

J'abhorre l'idée même de la guerre, cette hérésie inventée par l'homme permettant légalement de tuer d'autres hommes, mais depuis l'aube de l'humanité, la guerre a toujours été présente, marquant l'histoire de son empreinte sanglante.

Si la diplomatie prévaut sur toute forme de violence, elle n'est pas une solution miracle. Il existe des situations où le recours à la force est la seule option viable. Face à un ennemi qui méprise toutes les valeurs éthiques et morales et avec lequel il est impossible de transiger, la guerre peut s'avérer le seul moyen de rétablir la paix.

Lorsque j'ai été appelé à faire mon service militaire, j'étais tiraillé entre deux sentiments contradictoires :

  • D'une part, je ressentais la nécessité d'apprendre l'art de la guerre pour défendre ma patrie en cas d'agression ou invasion ennemie, ce par les armes si nécessaire même au péril de ma vie, à remplir mon devoir de citoyen, l'honneur d'apporter ma modeste contribution à mon pays ;
  • D'autre part, je n'étais pas du tout tenté à l'idée de devenir soldat et potentiellement être amené à devoir prendre les armes en dehors de mon pays, avec les risques importants pour mon intégrité physique. S'il est noble de se battre pour sauver sa patrie envahie par un quelconque ennemi, risquer sa vie dans des contrées lointaines est le rôle des militaires de carrière et non des miliciens.

    J'étais réservé quant à la durée de ce service militaire bien trop longue, j'en reviendrai ci-après.
    En définitive, le service militaire a été suspendu et je n'ai pas eu à le faire.

    Est-ce une bonne idée de ne plus former les jeunes à l'art de la guerre ?

    La structure de l'époque du service militaire le rendait obsolète. La plupart des jeunes ayant effectué leur service militaire, y compris ceux qui aspiraient à une carrière militaire, ont exprimé leur déception. Le rôle du conscrit se résumait souvent à des tâches subalternes et à subir les brimades de sous-officiers frustrés, plutôt qu'à apprendre le maniement des armes et les techniques de combat.

    Il me semble logique que le service militaire devrait viser, outre le respect et l'obéissance, à inculquer l'art de la guerre, les notions de positionnement stratégique et la capacité à défendre son pays en cas d'agression. Consacrer un certain temps au service de son pays est un noble devoir, à condition que ce service s'effectue dans le respect de l'individu et qu'il dispense la formation adéquate pour affronter une éventuelle agression ennemie.

    Que penser du retour de l'obligation du service militaire ?

    Face à cette proposition, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de former toute la population aux techniques de combats, mais bien d'augmenter sensiblement la capacité de notre armée professionnelle à la défense du pays grâce à l'apport de miliciens préalablement formés.

    N'est-il pas illogique de consacrer près d'une année de sa vie au service militaire pour ne plus jamais être rappelé par la suite, alors que les technologies et les techniques de guerre évoluent à un rythme effréné ? Ne serait-il pas plus pertinent de raccourcir la durée du service militaire, tout en y dispensant les connaissances fondamentales, et de prévoir des rappels réguliers pour rafraîchir les acquis et s'adapter aux changements technologiques ?

    Le conflit en Ukraine met en lumière la persistance des guerres conventionnelles impliquant des fantassins, contrairement aux discours ayant accompagné la suppression du service militaire. Dans cette optique, le rétablissement d'un service militaire adapté aux réalités actuelles me paraît pertinent, à la fois pour susciter l'intérêt des jeunes envers une carrière militaire et pour former une partie de la population aux techniques de combat.

    Exercice militaire

    Le modèle suisse du service militaire obligatoire est souvent cité comme un exemple de réussite.

    Il permet de former une réserve de citoyens soldats relativement bien entraînés, tout en limitant la durée du service militaire initial, suivi de plusieurs rappels sur une période de neuf ans avant d'être libérés de leurs obligations militaires. Ces rappels permettent aux anciens conscrits de se maintenir à niveau et de s'adapter aux évolutions militaires.

    Le modèle suisse est critiqué pour son coût et son caractère contraignant. Cependant, l'argument du coût face à l'avantage d'une réserve d'hommes et de femmes formés au combat n'est pas recevable. La capacité à défendre le pays est primordiale, et l'intégration de ce service militaire dans une armée européenne est indispensable. Le caractère contraignant peut effectivement constituer un frein, mais il doit être relativisé au regard de l'objectif initial.


    Il faut mettre tous les jeunes sur un pied d'égalité sans toutefois les obliger à effectuer un service de type militaire. Dans ce contexte, il me semble judicieux d'offrir aux jeunes la possibilité de choisir entre un service militaire et un service civil de durée équivalente.

    En 2010, la France a instauré un service civique non obligatoire encourageant à l'engagement de citoyenneté. Il a pour objectif de renforcer la cohésion nationale et de favoriser la mixité sociale et offre la possibilité aux jeunes de s'engager pour une durée de 6 à 12 mois dans une mission d'intérêt général.

    En parallèle au service militaire, ce type de service civil permettrait de laisser un libre choix aux jeunes face à un engagement au service de leur pays.


    Il faut cependant se rendre à l'évidence, la situation de l'Europe ne permet pas à l'heure actuelle de faire face à un conflit important sans l'aide militaire des États-Unis. Cette dépendance est un risque bien trop important pour l'Europe - et donc la Belgique -, il faut urgemment remédier à cette situation en créant une armée européenne professionnelle avec une réserve importante de miliciens prêts à seconder l'armée en cas de conflit majeur. Par ailleurs, posséder une armée avec un important potentiel de combat permet d'écarter certaines menaces extérieures et in fine, des guerres.

    Un service obligatoire mixte permettrait à tous les jeunes citoyens, hommes et femmes, de contribuer à la société de manière égale, qu'ils choisissent la voie militaire ou civile. Il offrirait plus de flexibilité pour répondre aux besoins changeants de la société, en permettant d'orienter un plus grand nombre de jeunes vers des secteurs en pénurie de main-d'œuvre par exemple et il valoriserait la diversité des compétences et des talents en permettant aux individus de s'orienter vers le domaine qui correspond le mieux à leurs aptitudes et aspirations.

    Notre armée professionnelle est trop petite pour assurer une défense adéquate en cas de conflit majeur, le service militaire permettrait à la Belgique de disposer d'une armée de taille suffisante pour se défendre contre les menaces extérieures et ce en coopération directe avec une armée Européenne. Ce service militaire peut également contribuer à renforcer la cohésion sociale et le civisme en rassemblant des jeunes de tous horizons et en leur inculquant des valeurs telles que le patriotisme, le respect et la discipline. Il peut aussi leur donner l'occasion d'acquérir des compétences précieuses pour leur vie future, telles que le travail en équipe, la résolution de problèmes et le leadership.


    S'il me paraît important de réinstaurer un esprit patriotique chez les jeunes en instaurant un processus continu qui vise à nourrir chez eux un sentiment d'appartenance, de fierté et de responsabilité envers leur pays, en passant par l'enseignement de l'histoire et de la culture nationale, l'encouragement à la participation civique, la célébration des symboles nationaux, la promotion du respect et de la diversité, il est indéniable qu'il faut tenir compte qu'une partie non négligeable de la population - tant au nord qu'au sud du pays - aspire à une autre forme d'appartenance ou d'indépendance, que dès lors nombre d'entre eux ne feront jamais le choix des armes pour sauver la dite "Belgique".

    Qu'importe, quelque soit la vision politique de la "patrie", in fine c'est avec la même volonté de sauver leurs familles, leurs manière de vivre, la paix et leurs vies dans un état démocratique que les jeunes prendront les armes pour se défendre de toute invasion ennemie car même si notre démocratie est imparfaite, elle est le seul modèle qui permet une liberté de pensées et de paroles - de l'extrême gauche à l'extrême droite - sans prendre le risque de persécutions par le pouvoir en place. Quelque soit les motivations de chacun(e), il est primordial de s'unir pour défendre notre modèle de vie en cas d'agression ennemie, même au prix d'une guerre, pour restaurer la paix dans nos régions.

    En conclusion
    La décision d'instaurer un tel système implique une réflexion approfondie et une concertation large avec les organisations de la société civile, l'armée et les experts concernés. Mais le temps presse, l'Europe se doit de se donner les moyens d'organiser dans les plus brefs délais une armée européenne regroupant tous les États membres, lui permettant ainsi de se protéger de toute attaque ou invasion ennemie.

    Quand bien même si un accord entre les 27 États membres n'est pas rapidement voté pour constituer une réserve de soldats, cela n'empêche en rien les États qui font le choix de la protection de mettre en place un service militaire obligatoire et ainsi former une partie de la population aux techniques de combat et de défense du pays.

    Alain Schenkels
    Ajout au 22 décembre, voir ma carte blanche : dans 21News
  • Commentaires

    1. Je n'aimerais pas savoir mon fils portant les armes dans un conflit, mais j'admet qu'il est nécessaire de pouvoir assurer la défense de l'Europe et que ça a un prix. Mais l'idée que mon enfant fasse la guerre, je ne l'élève pas avec tout mon amour pour qu'il se fasse tuer à peine adulte. Je suis pourtant d'accord avec votre conclusion.

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      1. Précisément, l'objectif premier d'une armée puissante européenne est de dissuader d'éventuels agresseurs. Voyez les USA, jamais ils n'ont été envahi. Si l'Europe pouvait se doter d'une armée digne de ce nom, le risque de conflit serait bien moindre.

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      2. Madame Dumont, aucun parent ne voudrait que son enfant part à la guerre, j'ai moi-même deux fils, mais même si j'aurais peur pour eux je serais fier s'ils prenaient les armes pour défendre leur pays. Malheureusement, je crains que la plus grosse menace vient de l'intérieur du pays, l'islamisation est notre plus grand ennemie.

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      3. Gaëtan l'islamisation est un défi majeur pour la Belgique, mais aussi pour de nombreux autres pays. Le livre "Allah n'a rien à faire dans ma classe" est une illustration de ce qui ce passe dans l'ensemble de notre société, c'est affolant. Le pire est le laxisme voir la collaboration de certains partis de gauche qui pour des raisons électoralistes font fi des dangers liés à l'islamisation. Pas plus tard que ce jeudi, Alain Maron d'Ecolo comparait le MR à l'extrême droite car le MR ose parler du problème de l'islam radical. Il faut prendre se problème très au sérieux, mais sans gouvernement ...

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    2. Ce service que vous proposez de rendre obligatoire de quel à quel âge ? Les études, le boulot, comment concilier ça avec un service militaire ? J'ai 29 ans mais je serais prêt à le faire si j'avais la certitude d'avoir un congé légal pour mon boulot sans risque de le perdre.

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      1. Ce sont des réflexions intéressantes, tout ça devrait être réglé préalablement. Pour l'âge, actuellement en Belgique pour les volontaires puisque ce n'est pas obligatoire, le candidat doit être âgé entre 18 et 30 ans ou 33 ans pour le candidats sous-officier ou officier.

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