Le texte original est en néerlandais, que j'ai traduit pour la rédaction de cet article.
Il a été rédigé par le Ministre de la Défense Theo Francken (pas de politique, juste un texte qualitatif) :
Peu de gens le savent, mais la Flandre a été en grande partie libérée en 1944 par des soldats polonais. Après le Conseil européen à Varsovie jeudi dernier, je leur ai rendu hommage en déposant une couronne. L’histoire de ces jeunes hommes est une épopée pleine de courage héroïque, qui vous emmène de la Sibérie au désert syrien, jusqu’à Gand. Voici leur récit.
Les camps de Staline
En 1939, Hitler et Staline décidèrent de se partager la Pologne. L’Allemagne nazie envahit le pays par l’ouest, suivie deux semaines plus tard par une attaque du dos menée par l’Armée rouge à l’est. Face à une telle supériorité numérique, la Pologne n’avait aucune chance. Les prisonniers de guerre capturés par l’Armée rouge furent confrontés à un destin sombre. Staline ordonna immédiatement l’exécution de 20 000 officiers de réserve polonais afin de décapiter intellectuellement la nation polonaise. Ceux qui n’étaient pas officiers furent déportés dans des camps de travail en Sibérie et au Kazakhstan. Des dizaines de milliers y périrent à cause des privations et du travail acharné.
« Donnez-moi vos Polonais ! »
Après la chute de la Pologne, des soldats polonais tentèrent de s’échapper via la Hongrie et la Roumanie pour rejoindre la France et poursuivre le combat. Lorsque la France tomba à son tour, ils se rendirent au Royaume-Uni, où ils formèrent le noyau des régiments polonais qui libéreraient plus tard la Flandre. Mais beaucoup d’autres Polonais étaient encore en chemin. Le 22 juin 1941, Hitler rompit son alliance avec Staline et envahit l’URSS. Le Premier ministre britannique Winston Churchill n’hésita pas une seconde et téléphona à Staline en criant : « Donnez-moi vos Polonais ! ». Ce n’est qu’alors que Staline libéra les prisonniers de guerre polonais — du moins ceux qui avaient survécu jusque-là. Par leurs propres moyens, ils se rendirent dans des camps d’accueil britanniques en Syrie, un voyage de plusieurs milliers de kilomètres. Plus morts que vivants, ils y arrivèrent en titubant.
The Last Post
Une fois rétablis, les Britanniques organisèrent ces hommes en unités polonaises sous commandement polonais mais sous drapeau britannique. En Italie et en Normandie, ils se distinguèrent par leur combativité, notamment au sein de la célèbre « Polish First Armoured Division ». Le 6 septembre 1944, ils libérèrent Ypres après des combats acharnés où six soldats polonais perdirent la vie. Alors que les tirs se poursuivaient dans la ville, leur commandant, le général Stanisław Maczek, fit venir un clairon. Pour la première fois depuis plus de quatre ans, « The Last Post » résonna à nouveau sous la Porte de Menin — un moment symbolique et émouvant pour tous les habitants.
De lourdes pertes en Flandre
La Polish First Armoured Division continua ensuite à ouvrir les portes de la liberté pour nous. Après Ypres vinrent Courtrai, Roulers, Torhout, Tielt, Deinze et Gand. Ce parcours fut payé au prix fort : pas moins de 400 soldats polonais tombèrent lors des violents combats en Flandre. Parmi eux, 258 reposent au cimetière militaire polonais de Lommel.
La trahison de Potsdam
« Pour votre liberté et la nôtre », tel était le slogan des soldats polonais qui combattirent dans l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, ils ne reçurent pas ce pour quoi ils s’étaient battus si durement : une Pologne libre. Leur patrie échangea un occupant — l’Allemagne nazie — contre un autre — l’URSS. Lors de la conférence de Potsdam en août 1945, le sort de la Pologne fut scellé : les Alliés occidentaux acceptèrent à contrecœur le joug soviétique sur le pays.
Bannis de leur propre pays
Cette trahison fut un coup terrible pour les hommes de la « First Polish ». Les officiers qui osèrent retourner en Pologne furent exécutés sans pitié par le KGB. Les simples soldats furent autorisés à vivre mais subirent une forte discrimination sous le régime communiste. La majorité des soldats polonais choisit donc de rester au Royaume-Uni après la guerre, amers et désillusionnés. En ultime acte de trahison, le gouvernement communiste à Varsovie leur retira leur nationalité polonaise — comme s’ils n’avaient jamais combattu pour la Pologne ou même jamais été Polonais.
Le bouclier de l’Europe
Ce n’est qu’en 1989 que la Pologne retrouva sa liberté. Ce n’est qu’alors que les vétérans encore vivants purent retourner dans leur pays natal et récupérer leur nationalité polonaise — parmi eux le très âgé général Maczek. Leur unité reçut également ce monument : sur son socle en pierre naturelle sont gravés les noms des villes et communes flamandes libérées par la First Polish Armoured Division. Un profond respect pour ces courageux soldats ainsi que pour le pays et le peuple polonais — un phare de liberté et le bouclier de l’Europe.
Image : dépôt d’une couronne au monument à Varsovie. @JorenVermeersch
Il a été rédigé par le Ministre de la Défense Theo Francken (pas de politique, juste un texte qualitatif) :
Peu de gens le savent, mais la Flandre a été en grande partie libérée en 1944 par des soldats polonais. Après le Conseil européen à Varsovie jeudi dernier, je leur ai rendu hommage en déposant une couronne. L’histoire de ces jeunes hommes est une épopée pleine de courage héroïque, qui vous emmène de la Sibérie au désert syrien, jusqu’à Gand. Voici leur récit.
Les camps de Staline
En 1939, Hitler et Staline décidèrent de se partager la Pologne. L’Allemagne nazie envahit le pays par l’ouest, suivie deux semaines plus tard par une attaque du dos menée par l’Armée rouge à l’est. Face à une telle supériorité numérique, la Pologne n’avait aucune chance. Les prisonniers de guerre capturés par l’Armée rouge furent confrontés à un destin sombre. Staline ordonna immédiatement l’exécution de 20 000 officiers de réserve polonais afin de décapiter intellectuellement la nation polonaise. Ceux qui n’étaient pas officiers furent déportés dans des camps de travail en Sibérie et au Kazakhstan. Des dizaines de milliers y périrent à cause des privations et du travail acharné.
« Donnez-moi vos Polonais ! »
Après la chute de la Pologne, des soldats polonais tentèrent de s’échapper via la Hongrie et la Roumanie pour rejoindre la France et poursuivre le combat. Lorsque la France tomba à son tour, ils se rendirent au Royaume-Uni, où ils formèrent le noyau des régiments polonais qui libéreraient plus tard la Flandre. Mais beaucoup d’autres Polonais étaient encore en chemin. Le 22 juin 1941, Hitler rompit son alliance avec Staline et envahit l’URSS. Le Premier ministre britannique Winston Churchill n’hésita pas une seconde et téléphona à Staline en criant : « Donnez-moi vos Polonais ! ». Ce n’est qu’alors que Staline libéra les prisonniers de guerre polonais — du moins ceux qui avaient survécu jusque-là. Par leurs propres moyens, ils se rendirent dans des camps d’accueil britanniques en Syrie, un voyage de plusieurs milliers de kilomètres. Plus morts que vivants, ils y arrivèrent en titubant.
The Last Post
Une fois rétablis, les Britanniques organisèrent ces hommes en unités polonaises sous commandement polonais mais sous drapeau britannique. En Italie et en Normandie, ils se distinguèrent par leur combativité, notamment au sein de la célèbre « Polish First Armoured Division ». Le 6 septembre 1944, ils libérèrent Ypres après des combats acharnés où six soldats polonais perdirent la vie. Alors que les tirs se poursuivaient dans la ville, leur commandant, le général Stanisław Maczek, fit venir un clairon. Pour la première fois depuis plus de quatre ans, « The Last Post » résonna à nouveau sous la Porte de Menin — un moment symbolique et émouvant pour tous les habitants.
De lourdes pertes en Flandre
La Polish First Armoured Division continua ensuite à ouvrir les portes de la liberté pour nous. Après Ypres vinrent Courtrai, Roulers, Torhout, Tielt, Deinze et Gand. Ce parcours fut payé au prix fort : pas moins de 400 soldats polonais tombèrent lors des violents combats en Flandre. Parmi eux, 258 reposent au cimetière militaire polonais de Lommel.
La trahison de Potsdam
« Pour votre liberté et la nôtre », tel était le slogan des soldats polonais qui combattirent dans l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, ils ne reçurent pas ce pour quoi ils s’étaient battus si durement : une Pologne libre. Leur patrie échangea un occupant — l’Allemagne nazie — contre un autre — l’URSS. Lors de la conférence de Potsdam en août 1945, le sort de la Pologne fut scellé : les Alliés occidentaux acceptèrent à contrecœur le joug soviétique sur le pays.
Bannis de leur propre pays
Cette trahison fut un coup terrible pour les hommes de la « First Polish ». Les officiers qui osèrent retourner en Pologne furent exécutés sans pitié par le KGB. Les simples soldats furent autorisés à vivre mais subirent une forte discrimination sous le régime communiste. La majorité des soldats polonais choisit donc de rester au Royaume-Uni après la guerre, amers et désillusionnés. En ultime acte de trahison, le gouvernement communiste à Varsovie leur retira leur nationalité polonaise — comme s’ils n’avaient jamais combattu pour la Pologne ou même jamais été Polonais.
Le bouclier de l’Europe
Ce n’est qu’en 1989 que la Pologne retrouva sa liberté. Ce n’est qu’alors que les vétérans encore vivants purent retourner dans leur pays natal et récupérer leur nationalité polonaise — parmi eux le très âgé général Maczek. Leur unité reçut également ce monument : sur son socle en pierre naturelle sont gravés les noms des villes et communes flamandes libérées par la First Polish Armoured Division. Un profond respect pour ces courageux soldats ainsi que pour le pays et le peuple polonais — un phare de liberté et le bouclier de l’Europe.
Image : dépôt d’une couronne au monument à Varsovie. @JorenVermeersch